L’Académie des Sciences pontificales organise, du 20 au 22 mars, une conférence internationale dédiée à l’impact de l’intelligence artificielle sur la protection des mineurs. À mesure que la frontière entre réalité et monde virtuel s’amenuise, Cécile Aptel, experte en prospective à l’UNICEF, met en garde contre l’existence de «zones de non-droit» dans l’utilisation de l’intelligence artificielle.
«Comment trouver le bon équilibre entre permettre aux enfants d’accéder à ces nouvelles technologies qui ont un potentiel énorme pour leur développement tout en diminuant les risques pour eux?»
Dans le cadre prestigieux de la Casina Pio V, nichée au cœur des jardins du Vatican, l’Académie des Sciences pontificales anticipe les enjeux de demain. Pendant trois jours (du 20 au 22 mars), une soixantaine de participants venus du monde entier ont échangé autour de cette problématique, résumée par Cécile Aptel, directrice adjointe du centre de recherche et de prospective de l’UNICEF (Innocenti).
Si l’intelligence artificielle offre de grandes opportunités, notamment dans le domaine éducatif, elle présente aussi des menaces pour l’intégrité physique et mentale des enfants. «Par exemple, on a des fausses images artificiellement réalisées où un enfant peut se retrouver exposé nu sur les médias sociaux», illustre-t-elle.
Un bouleversement pour les générations futures
À l’heure actuelle, un certain nombre d’enfants ont déjà accès à l’intelligence artificielle, une technologie qui est en passe de «fondamentalement changer» leur quotidien. Cécile Aptel souligne que «la différence entre le monde réel et le monde virtuel s’érode peu à peu, et ils ne font pas vraiment la différence entre le fait d’être ensemble ou le fait d’être connectés par moyen virtuel».
Cependant, l’intelligence artificielle demeure une technologie récente en constante évolution. Ses répercussions sur les enfants restent complexes à appréhender. Pourtant, Cécile Aptel met en garde : «il ne faut pas non plus penser que l’intelligence artificielle est complètement hors de tout contrôle».
Une possible régulation
En tant que professeur de droit international, elle insiste sur le fait qu’il «ne faut pas accepter qu’il y ait des zones de non-droit». «Il ne faut surtout pas baisser les bras sur l’obligation qu’ont les États à s’assurer qu’il n’y a pas d’utilisation qui est illégale de l’IA et en particulier une utilisation qui est à but criminel», souligne-t-elle, rappelant que les concepteurs de ces technologies restent juridiquement responsables en tant que citoyens d’un État.
En pratique, les intervenants sont variés, ce qui peut nécessiter une réglementation à l’échelle mondiale, à l’image du transport maritime. «Ça peut être un produit créé dans un pays, utilisé par un utilisateur dans un autre pays par l’intermédiaire d’une compagnie qui est elle-même dans un troisième pays».
La rencontre organisée au Vatican avait pour objectif de favoriser le dialogue entre universitaires, associations et organisations internationales afin d’assurer une meilleure sécurité aux enfants dans l’univers numérique. «Il reste beaucoup à faire», a conclu en conférence de presse le président de l’Académie des Sciences, le professeur Joachim von Braun.
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