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#homélie 26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE TEXTES : Am 6, 1. 4–7 ; Ps 146 ; 1Tm 6, 11–16 ; Lc 16, 19–31 Lazare est à t

#homélie
26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
TEXTES : Am 6, 1. 4–7 ; Ps 146 ; 1Tm 6, 11–16 ; Lc 16, 19–31
Lazare est à ta porte : que fais-tu de ce que Dieu t’a donné ?
Bien-aimés de Dieu,
Pour la deuxième fois consécutive, la liturgie de ce dimanche nous place face à une question cruciale et inévitable : que faisons-nous des biens que Dieu nous a confiés ? Sommes-nous des intendants fidèles ou des propriétaires illusoires ? L’Écriture ne condamne pas la richesse en elle-même, mais la manière dont elle est acquise, vécue et utilisée. Ce dimanche, le message est clair : les richesses qui ne servent pas à la solidarité creusent un abîme entre nous et Dieu, entre nous et les autres.
Dans la première lecture, le prophète Amos fustige l’indifférence arrogante des riches de Samarie. Vautrés sur leurs divans, occupés à se parfumer et à s’enivrer, ils oublient la ruine imminente de leur peuple. Leur prospérité les a rendus aveugles, insensibles au désastre qui s’approche. Comme aujourd’hui, dans nos sociétés africaines blessées, certains vivent dans l’illusion d’une sécurité achetée, pendant que le pays tout entier vacille sous le poids du terrorisme, de la pauvreté et de l’instabilité.
Dans nos villes, les boîtes de nuit résonnent, pendant que nos villages brûlent. Les égoïsmes s’exacerbent, pendant que des veuves et des orphelins fuient leurs terres. Le drame, ce n’est pas d’être riche, c’est de vivre comme si la souffrance du monde ne nous concernait pas.
C’est exactement ce que nous retrouvons dans l’Évangile de Luc (Lc 16, 19-31). Le Christ y dépeint un contraste saisissant : un homme riche vêtu de pourpre et de lin fin — symboles de royauté et de culte, et un pauvre nommé Lazare, couvert d’ulcères, affamé, couché devant sa porte. La richesse de l’un n’a jamais franchi la clôture de son cœur. Il ne voit même pas Lazare. Et pourtant, comme le dit saint Jean Chrysostome : « Le riche n’a pas été condamné pour avoir volé, mais pour n’avoir pas partagé. »
Le nom « Lazare en hébreux signifie « Dieu aide ». Il représente l’humanité souffrante, abandonnée aux portes des nantis, aujourd’hui encore. Ses ulcères, selon la tradition patristique, représentent les plaies de l’injustice et du mépris, celles que la société inflige à ceux qu’elle juge sans valeur. Ce Lazare, ce sont les enfants des rues, les déplacés internes, les mères veuves sans abri, les jeunes sans espoir, les malades sans soins. Les enfants sans soutiens. Et leur silence est un cri devant Dieu.
La « pourpre » du riche évoque aussi, selon les Pères de l’Église, l’humiliation de Jésus dans sa passion. Lui aussi fut vêtu de pourpre par dérision (cf. Mc 15,17). Quel contraste ! Le Christ pauvre, moqué, rejeté, partage la condition de Lazare. Le vrai Roi, c’est celui qui s’est fait serviteur. Le vrai pouvoir est dans le don de soi, et non dans l’accumulation pour soi.
Mais, frères et sœurs, le message de cette parabole n’est pas seulement social. Il est eschatologique : il nous parle du jugement dernier. Car vient le temps où les masques tombent, où la vérité éclate. Le riche meurt. Lazare aussi. Et là, surprise : les rôles sont inversés. Lazare est accueilli dans le sein d’Abraham, figure biblique du salut et de la promesse, tandis que le riche, dans les tourments, supplie trop tard.
Chers frères et sœurs, cette parabole nous montre que l’enfer n’est pas un lieu de torture physique, mais un lieu de séparation éternelle, conséquence d’un abîme que nous avons nous-mêmes creusé sur terre. Saint Grégoire de Nazianze disait avec force : « Donne une part de ton bien à Dieu, qui l’a donné ; donne une autre part à Lazare, afin qu’au jour du jugement, il témoigne en ta faveur. »
Alors, interrogeons-nous : que faisons-nous de nos biens ? À quoi servent-ils ? Servent-ils au bien commun ou à flatter notre ego ? À construire un monde plus fraternel, ou à nous isoler dans nos conforts ? Saint Augustin nous rappelle :« Ce que tu gardes pour toi, tu le perds ; ce que tu donnes, tu le possèdes pour l’éternité. »
Frères et sœurs, si l’accumulation des biens de ce monde devient notre objectif suprême, nous courons vers notre propre ruine. Car le vrai trésor, ce n’est pas ce que nous avons, mais ce que nous avons donné. N’oublions pas que chaque soir, Dieu nous interroge en silence : « As-tu vu Lazare aujourd’hui ? » ou bien « As-tu partagé ton pain, ton temps, ta parole, ton amour ? » Chaque jour est une opportunité d’investir pour le Royaume. Et pour nous chrétiens, investir dans l’humain, c’est investir dans l’éternité. Car, comme l’a dit le pape François de vénérer mémoire : « À la fin de notre vie, ce que nous emporterons, ce sont les gestes d’amour partagés. » (Journée mondiale des pauvres, 2017) Alors que notre monde célèbre la réussite par les voitures, les villas et les titres, rappelons-nous que le Royaume de Dieu célèbre la justice, la charité, la fidélité. Comme le dit saint Paul aujourd’hui dans sa lettre à Timothée : « Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi. Empare-toi de la vie éternelle. » (1 Tm 6,11-12) Oui, bien-aimés, Lazare est toujours là, devant nos portes. Il n’est pas loin : il est dans nos familles, nos quartiers, nos lieux de travail, dans nos communautés, nos maisons de formations, dans nos groupes de prières et fraternités. Ne l’ignorons pas. Car ce que nous faisons (ou refusons de faire) pour lui, c’est à Dieu lui-même que nous le faisons.
Ne laissons pas nos biens créer des abîmes entre nous et les autres. Ne laissons pas l’ivresse du luxe étouffer la voix du pauvre. Ne nous rendons pas insensibles. Car, à la fin des temps, Dieu ne nous demandera pas combien nous avions en banque, mais combien nous avons aimés.
Que cette eucharistie ravive en nous la faim du vrai trésor celui qui ne rouille pas, que les vers ne rongent pas, et que les voleurs ne dérobent pas (cf. Mt 6,19-20). Le trésor d’une vie donnée, d’un cœur ouvert, d’une charité vécue. Amen !
Je termine en nous invitant à méditer ce cantique : « Ouvrez mes mains Seigneur qui se ferme pour tout garder le pauvre a faim devant ma maison, apprend moi à partager. »
▪️Père Francis Marie de
la Compassion KABORÉ
Institut Religieux Masculin
Mère du Divin Amour

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